Dire que les relations entre la France et Cuba sont fortes relève du pléonasme…
En effet, les deux pays, et incidemment l’UE, ont des relations historiques, politiques, culturelles et (un peu) économiques, particulièrement depuis la révolution dans l’île.
La France et Cuba ont tissé, tout au long de leur histoire commune, des relations d’amitié et de coopération, relancées depuis 2012 par la visite du président de la République François Hollande à Cuba en mai 2015 et la visite du président Raul Castro à Paris en février 2016.
Rencontres historiques puisqu’aucun chefs d’Etat français et cubain n’avaient jusqu’alors effectué un tel déplacement officiel. Ces visites ont notamment permis la restructuration de la dette cubaine vis-à-vis de la France, la signature d’une feuille de route économique conjointe et l’extension du champ de compétence de l’AFD à Cuba.
De nombreuses grandes entreprises françaises travaillent depuis de nombreuses années à Cuba (tels les groupes PERNOD RICARD et Bouygues International) et quelques autres ont obtenu des contrats conséquents (tel ADP avec Bouygues International pour la reconstruction de l’Aéroport International José Marti de la Havane).
Toutefois, force est de constater que trois années après la loi 118 ouvrant l’île aux investisseurs étrangers, la France ne se place pas parmi les premiers investisseurs ou importateurs.
Alors certes, les projets proposés par les autorités cubaines, au travers du portfolio d’investissements étrangers présenté chaque année lors de la FIHAV (en novembre), nécessitent des capacités de financements importantes et Cuba n’est pas nécessairement, semble-t-il, aux yeux des entreprises françaises, une priorité, a contrario de beaucoup de leurs homologues européens.
Après une baisse de 4,5% du commerce bilatéral entre la France et Cuba en 2015, les échanges ne se sont pas rétablis en 2016 : le commerce bilatéral a diminué de 10% par rapport à 2015*, passant de 172,3 M€ à 155,3 M€. Cette contraction est liée à une réduction des exportations françaises qui passent de 146,8 M€ à 128,2 M€ (-12,7%).
Les importations françaises depuis Cuba ont, quant à elles, augmenté en 2016 de 6,5%, ce qui provoque une contraction de l’excédent commercial française bilatéral : il est ainsi passé de 121,3 M€ en 2015 à 101 M€ en 2016, soit une diminution de 16,7%.
La tendance observée au premier semestre 2016 (-8,8%) s’est accentuée en fin d’année, Cuba faisant face à une importante crise de liquidité contraignant ses échanges avec le reste du monde : les exportations françaises vers Cuba ont finalement diminué de 12,7% entre 2015 et 2016, passant de 146,8 à 128,2 M€. Celles-ci représentent aujourd’hui 83% des échanges bilatéraux français avec Cuba, contre 86% il y a un an.
En valeur, la diminution la plus importante provient du secteur agricole : les exportations de céréales sont passées de 50,4 M€ en 2015 à 45 M€ en 2016 (-10,9%), et les exportations de malt ont même diminué de 19,8% (de 3,2 M€ à 2,6 M€).
Cependant, on observe de plus fortes contractions pour les exportations de pièces d’équipement, notamment les pièces et accessoires pour automobiles (-26,6%, de 6,8 M€ à 5 M€) et les équipements de communication (plus de 8 M€ de ventes l’an dernier et seulement 3,4 M€ en 2016).
Des exportations françaises à partir d’autres ports européens (donc hors statistiques Douanes) et, d’une manière générale, la difficulté pour des PME d’obtenir des crédits export sur Cuba peuvent également expliquer cette baisse.
À l’inverse, plusieurs produits d’exportation connaissent une hausse significative : les produits chimiques (+26,3%, 11,9 M€), les huiles essentielles (+42,2%, 4,7 M€), ainsi que les produits laitiers et les bateaux de plaisance dont les ventes ont respectivement été multipliées par 3 et 5 (pour atteindre 5 M€ et 2,6 M€).
De fait, la tendance à la diversification de l’offre française observée depuis 2013 se poursuit (le poids relatif des céréales dans les exportations françaises est passé successivement de 50% en 2013 à 46% en 2014, pour finalement atteindre 35% aujourd’hui).
Les besoins dans tous les domaines sont considérables, d’abord pour les cubains eux-mêmes mais également pour répondre aux besoins générés par l’arrivée massive des touristes depuis 2014 (env. 4 millions en 2016).
Si Cuba semble être un Eldorado pour les investisseurs, il ne faut toutefois pas être oublieux que si les cubains ont des besoins, ils sont chez eux, indépendants et fiers de ce qu’ils sont.
Cuba offre deux types d’opportunités pour une entreprise étrangère : la fourniture de produits dont le pays a besoin et, dans le cadre de la politique de substitution aux importations menée par le gouvernement, l’investissement à Cuba pour y développer les productions locales.
Cuba, jusqu’alors fortement dépendant de ses importations de biens, justifiant sa politique de substitution aux importations par un renforcement de ses capacités de production, propose de ce fait des partenariats économiques (sous forme de joint-venture 50/50, voire dans le ZEDMariel des investissements 100% étrangers) dans de nombreux domaines : le tourisme, la santé et les biotechnologies, les énergies (principalement renouvelables afin de diminuer drastiquement sa dépendance aux énergies pétrole et gaz importés), les travaux publics et urbains, l’industrie (dite « légère » pour la production de produits de haute technologie), lourde ou celle de la transformation des déchets, et l’agroalimentaire (agriculture, sucre et pêche).
Enfin, patience et persévérance sont les maîtres mots à Cuba pour signer un contrat.
En effet, les autorités cubaines privilégiant une bonne relation interpersonnelle afin de s’assurer de la motivation réelle de ses éventuels partenaires.
Il convient de rappeler que, encore et toujours, l’embargo US contre Cuba est toujours en vigueur. Cuba n’a de fait pas accès aux financements internationaux et les lois extraterritoriales Helms-Burton et Torricelli, qui sanctionnent les entreprises étrangères commerçant avec Cuba (en US$) sont toujours en vigueur.
Cuba demeure un territoire porteur pour tout investisseur qui saura comprendre, s’adapter et répondre aux besoins identifiés. Par ailleurs, Cuba est la porte d’entrée vers les autres pays de l’ALBA.
Note: *Données du Trésor français.
François Viges, co-founder, lawyer of training, double experience in the public and private sectors. François specializes in the development of telecommunications, energies and tourism.
François Viges, Co-Fondateur, Juriste de formation, double expérience dans les secteurs public et privé. François est spécialisé dans le développement des télécommunications, des énergies et du tourisme.
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